Mes grands-parents étaient en affaires depuis le début de mon existence et ont officiellement passé le flambeau 5 ans passés à mes parents. Il est important de comprendre ici, le fait que mes parents ont, en grande partie de leur carrière, travaillé au sein de cette même entreprise familiale. C’est alors en début de mes trentaines que je me questionne parfois sur l’avenir de notre entreprise familiale. Même si je n’ai jamais directement travaillé dans les opérations quotidiennes de l’entreprise, c’est avec mon expérience professionnelle comme intrapreneure agrée, que je me permets de partager quelques réflexions à l’égard du leg familial.
L’entrepreneur actuel est un baby-boomer
L’entrepreneur canadien a généralement 50 ans et +. Il est depuis 3-4 ans en grande réflexion décisionnelle pour l’avenir de son entreprise. Fermer son entreprise ou la poursuivre en trouvant une relève ? Voilà une question que plusieurs se posent en ce moment. Notons que dans les 10 prochaines années, 70% des entreprises vont changer de mains, soit environ 100 000 entreprises. Parmi elles, le tiers seulement vont réussir ce transfert. Notons également que 50,9% des cédants potentiels de 50 et + n’ont aucun plan de transfert de direction formel ou informel. En effet, la plupart des entrepreneurs décident de fermer leur entreprise, entre autres, par manque de relève, manque d’énergie et par méconnaissance sur les possibilités qui leur sont offertes.
Il existe différentes possibilités de transferts d’entreprises
Le transfert peut se faire dans la famille. Par exemple un parent peut céder ou vendre son entreprise à son enfant qui est présent dans l’entreprise. Le transfert peut aussi être fait à un employé à l’interne de l’entreprise qui a su prouver ses capacités et gagner la confiance de plusieurs personnes dans l’entreprise. Le transfert peut également être mixte, c’est-à-dire un membre de la famille et un employé ou une personne externe peuvent acquérir ou poursuivre l’entreprise. Enfin, il y a aussi la possibilité que ce soit seulement une personne externe qui reprenne l’entreprise. Cette personne extérieure qui fait l’acquisition de l’entreprise n’est ni de la famille ou employé de l’entreprise.
Pour en revenir avec mon père, la possibilité qui m’a le plus rejointe est le transfert mixte. Je me vois, par exemple, accompagner mon père pendant plusieurs années afin d’innover dans son secteur d’activité, mais pas nécessairement dans la gestion de son entreprise.
Pour en revenir à ma situation familiale, la possibilité qui m’est le plus attrayant est le transfert mixte. Je me vois par exemple, accompagner ma sœur qui est innovatrice et connaissante dans l’opération de ce secteur d’activité, et de m’occuper de la gestion de l’entreprise.
Les sentiments et les émotions doivent être mis de côté
Le transfert d’entreprise n’est pas évident pour un cédant. Trop souvent, les cédants confondent leurs désirs personnels avec les besoins de l’entreprise. Ils peuvent vouloir qu’un successeur éventuel prenne la tête de l’entreprise, sauf que le candidat ne veut ou ne peut pas le faire. Parfois, il faut un nouveau propriétaire pour apporter une vision nouvelle et donner un nouveau souffle au leadership. Il est toutefois prouvé qu’il y a plus de chances de réussite lorsque les sentiments et les émotions sont mis de côté.
Avoir vécu de l’extérieur, l’expérience de mes parents avec mes grands-parents, ce sont de discussions qui ne sont pas toujours faciles. Je peux aussi m’imaginer que ce ne sera pas plus facile lors du prochain transfert de l’entreprise. On doit trouver les bons moments pour en parler et contrôler les émotions. Les nouvelles générations ont toujours plusieurs nouvelles idées pour innover, mais il faut comprendre que c’est un processus et les actionnaires présents sont encore responsables.
Le transfert d’entreprise est un long processus
Le transfert d’une entreprise demande d’être bien planifié et de s’y préparer pour obtenir de bons résultats. On peut investir 5 à 10 ans dans la préparation à ce transfert. Il est important d’y penser le plus tôt possible et de voir à inclure une stratégie de sortie dès le début.
Malheureusement, les statistiques démontrent que la majorité des cédants qui espèrent faire le transfert de leur entreprise à un autre membre de la famille, comparativement à un transfert externe, n’ont pas mis sur place un plan financier pour leur succession, en espérant réaliser des économies.
Le cédant doit savoir s’adapter et avoir confiance
Le transfert d’entreprise doit se faire progressivement. Il peut être tout un choc pour certains. Lors d’un transfert à une génération qui suit le cédant, le cédant doit savoir s’adapter aux nombreux changements et avoir confiance en le ou les repreneurs. Il doit accepter que son entreprise soit revue et que plusieurs changements puissent être nécessaires pour faire avancer l’entreprise selon la vision du nouvel acquéreur. Un «ménage» dans les ressources humaines peut être envisagé et nécessaire. Le cédant doit aussi accepter d’être obligé de se retirer complètement pour permettre au preneur d’avancer dans la direction qu’il aura choisie. Le transfert demande aussi beaucoup de communication et de leadership. Le cédant doit, entre autres, ne pas agir comme un chef d’orchestre.
Il est primordial que le cédant, bien qu’il puisse donner de bons conseils, n’agisse pas en tant que mentor, car il est trop impliqué financièrement et émotionnellement.
Pour faciliter le transfert d’entreprise, s’entourer d’un mentor ou faire appel à un consultant peut s’avérer une très bonne idée
Une façon courante d’amorcer la communication consiste à mettre sur pied un conseil consultatif, qui pourra jouer un rôle plus ou moins officiel de médiateur. En faisant appel à un mentor, le cédant peut discuter avec lui de ses peurs et craintes lors d’un transfert familial, par exemple. Il pourrait éviter certaines disputes durant le processus de transfert qui ne ferait que ralentir ou nuire à la transaction. En faisant appel à un consultant externe, le cédant peut évaluer son type de personnalité et celui de son ou ses repreneurs. À mon avis, c’est une façon de bien préparer la relève en fonction de ses forces et faiblesses autant bien pour le cédant que le repreneur.